Galas Fontaine de Vaucluse (84)
En 1909: Acquisition par les Papeteries Navarre des Papeteries de Galas à proximité de Fontaine de Vaucluse (84) près de l’Ile sur Sorgue. L'usine se trouvait au pied de l'Aqueduc du Canal de Carpentras. L'Association pour la sauvegarde et la Promotion du Patrimoine Industriel en Vaucluse (ASPPIV) dont le cahier N°46 sur les Papeteries Navarre de Fontaine-de-Vaucluse par René Grosso nous donne des précisions sur la papeterie et sa politique sociale.
Les éléments entre guillemets ci-dessous sont de Source ASPPIV :Cahier N°47 sur Les Papeteries Navarre de Galas par René Grosso.
Cette usine produira des papiers d’écriture et du papier sulfurisé. « Les Papeteries Navarre ont dû dès 1909 installer des logements pour leur personnel. Elle se conformait en cela à une tradition bien établie dans le groupe Navarre. C’est ainsi que sont apparues cinq cités reparties sur quatre communes riveraines de la Sorgues : La cité Achard et la cité Saumane sur la rive droite, la cité de Galas, celle de Lagne et celle de Mousquéty sur la rive gauche ». Tous les employés devaient être éclairés par les turbines de l’usine et bénéficiaient de la gratuité du charbon ; ils avaient à leur disposition un jardin potager pour lequel ils recevaient des semences. Les papeteries Navarre avaient en outre mis en place pour le personnel : …« Une Coopérative où les produits étaient vendus à prix coûtant, une garderie pour les jeunes enfants, une école primaire, une laiterie avec un troupeau de 20 vaches, une salle des fêtes un service de pompes funèbres auquel l’usine prêtait à l’occasion le cheval et la charrette. Tout le personnel de ces services : gérant de coopérative, institutrice, gardiennes maternelle, etc. était rémunéré par l’entreprise ». …
1912 : Les papeteries achètent pratiquement tous les terrains disponibles longeant la Sorgue soit près de 700 hectares.
1912: le Directeur de l'usine était Henri TISSIER (Ex Directeur de l'usine Navarre de Montfourat),époux de Marguerite Navarre, fille ainée d'André Navarre.
1921 :Inauguration de la stèle commémorative pour les ouvriers de l'usine Navarre morts pour la France en 1914."La face de la colonne pyramidale qui regarde l'entrée de l'usine porte, gravées, les inscriptions suivante suivantes:1914-1918,Pierre Navarre, Jean Navarre, A.Gely, LJ Comet, D.Moreau, L.Veyssier, Morts pour la France. Ce n'est pourtant pas le cas pour les frères Navarre. Le titre de "morts pour la France" que leur attribue la stèle est donc abusif, mais ce qui en un lieu public constituerait une infraction reste ici du domaine privé.....Les Papeteries ont simplement voulu rendre hommage, avec une légitime fierté, à ces deux aviateurs qui par leur bravoure ont honoré la famille Navarre
Alain de Saint Galle Propriétaire du terrain sur lequel existe la stèle montrant l'aigle ayant chuté de son socle.
1922: « A Galas, Navarre a offert une école aux enfants des ouvriers. Deux ans avant que la municipalité inaugure son propre groupe scolaire en 1924….Création et propriété des Papeteries Navarre, cette école a fonctionné longtemps comme une école privée ».L'Ecole des papeteries Navarre de Galas-Fontaine de Vaucluse fut construite par le même architecte qui construisit l'entrée des bureaux et la salle des fêtes de Champs sur Drac. Le style Art Nouveau des bâtiments étant très reconnaissable.
Ecole des Papeteries Navarre de Galas (Ecole privée pour les enfants des ouvriers de l'usine)
Colonie de Vacances Navarre à Tréminis en Isère
En 1936: Grèves très dures. Un ouvrier décédera. Il faut mentionner que le syndicalisme à l'usine de Galas fut très important et mené principalement par la famille Calvetti , père et fils qui devint une grand figure de CGT Française.
"Oswald Calvetti ouvrier papetier à l’usine Navarre de Galas dans le Vaucluse ; dirigeant du syndicalisme CGT du papier et du livre ; membre du comité central du Parti communiste français (1954-1974).Le père d’Oswald Calvetti travailla à l’usine de Galas. Le jeune Calvetti se fit embaucher dans la papeterie où travaillaient ses parents. Après la guerre il est redevenu ouvrier papetier chez Navarre à Galas, où il fut très vite le principal responsable syndical CGT. Secrétaire du syndicat CGT de Galas à partir de 1947, délégué du personnel, il fut, la même année, secrétaire adjoint du comité d’entreprise, puis secrétaire en 1948 et membre du comité central d’entreprise. Il devint le secrétaire du groupement intersyndical du trust Navarre qui groupait huit usines et quatorze mille ouvriers. L’importance de son action de terrain attira l’attention de la direction et il entra au comité central de la CGT en 1954. Au plan confédéral, il s’occupa, auprès d’Henri Krasuki du syndicat du livre."
Photo 1936 aimablement communiquée par Mr Teissier petit fils d'Angelo Schiavon
Usine Navarre de Galas en 1955
En 1959 Les Papeteries Navarre fêtent le cinquantenaire de leur installation à Galas.
En 1965: La liquidation de certains biens est confiée au cabinet Bruneau-Averso à Avignon. La vente des logements aux ouvriers est entreprise.
En 1967: En juin l’usine arrête la plus grande partie de sa production. Le 11 novembre 1967 la nouvelle direction décréta la cessation des activités. La direction propose à ses ouvriers un reclassement dans les autres usines du groupe. Peu d’ouvriers acceptent de quitter Galas.
"Les plus anciens du village ont travaillé dans la cité ouvrière jusqu'à ce qu'elle ferme ses portes en 1968, devenue obsolète. "À Vaucluse, nous étions papetiers de père en fils" explique Louis, entré dans l'usine à quatorze ans. L'usine, c'était la vie du pays" explique Suzanne. De type "paternaliste", les usines logeaient les ouvriers(e)s, organisaient des sorties à la mer et des colonies de vacances. Pas besoin d'écluses, de cheminée ou de musée pour nous raconter cette mémoire. Elle est inscrite au fer rouge à Fontaine. Tous les habitants s'en souviennent et en témoignent encore . Enfants et petits-enfants de papetiers aussi. Les familles gardent encore les cahiers de cette époque, fabriqués ici.
En 1968: a été tourné en parti à l'usine de Galas " le soleil des eaux". http://php88.free.fr/bdff/image_film.php?ID=8731 un film pour la
télé d'après une œuvre de René CHAR. De nombreux ouvriers ont participé comme figurant. On doit y voir l'usine, en particulier le
canal et les batiments administratifs.
En 1969: Liquidation total des biens soit au total 700 hectares de terrain.
En 1998 : Destruction totale du site. Les ruines sont encore visibles de nos jours et l'ile est la propriété de la commune. Les constructions 2,3,4et 5 existent toujours. Le 5 étant le monument aux morts de l'usine Navarre est aujourd'hui dans une propriété privée.
Employés de l’usine (Liste non exhaustive) : Famille Calvetti, M. Bertholet (directeur), M.Deschampbenoit (chef comptable).Cités sur le monument aux morts de l’usine : A.Gely.L.G Comet, D.Moreau, L.Veyssier. Sans oublier la Famille d'Angelo Schiavon dont lui même et ses 10 enfants.
Témoignage sur Angélo Schiavon par Marie-Josée Schiavon
Remerciements et hommages à toute la Famille Schiavon pour ce précieux témoignage.)
Angélo Schiavon:
« Sa fidélité pour cette usine n’avait d’égal que sa gratitude. Pour lui qui avait avant, la plupart du temps, été séparé de sa famille pour accepter des contrats de travail très dur dans différents pays afin de nourrir ses 15 enfants: le fait d’obtenir une maison, jardin, chauffage, salaire pour tous ses fils et filles par la papèterie Navarre, c’était la terre promise. »
« Mon arrière-grand-père Angélo Schiavon (1870-1961), et 10 de ses enfants ont travaillé à l’Usine Galas entre 1920 et 1950 et 8 parmi ces mêmes personnes ont travaillé quelques années à Entre-deux-guiers (Autre site des Papeteries Navarre), puis sont revenus à Galas. Angélo a vécu dans une maison de la Cité de Galas fournie par les Papeteries Navarre de 1920 à 1959, et cette maison lui a été réservée pour les fils et filles qui restaient à Galas pendant qu’il a fait ses années à Entre-deux-guiers »
Marie-José Schiavon ((Arrière Petite-fille d’Angélo Schiavon)
Témoignage sur Marcel Laurent par Jean Pierre IMBS
"je découvre votre site sur l'histoire des papeteries Navarre à Galas. Mon grand père Marcel LAURENT né en 1906 y a fait toute sa carrière , de 13 ans à 62 ans à la fermeture. Moi même, né en 1949, j'ai passé beaucoup de temps chez mes grands parents qui habitaient à Galas au sud de la route ( logements des cadres ), et ce jusqu'à leur départ en 1968/69 Mon arrière grand père Célestin RICHARD* (1876-1958) a également travaillé à l'usine et il a été mis à la retraite à 72 ans je crois, il habitait la cité Achard, ainsi que son gendre Félix BENET (beau frère de mon grand père ) . Plusieurs enfants de la famille BENET ont également travaillé à l'usine, en particulier Roger BENET qui est parti ensuite à l'usine de Grand Quevilly. C'est sans doute avec son frère Maurice, un dernier survivant des ouvriers de Galas. J'ai beaucoup de souvenir des ouvriers et de la vie de l'usine, quelques photos mais pas de documents écrit ... mais encore des buvards et du papier fabriqué à Galas. * Célestin RICHARD pratiquait la photographie entre les 2 guerres. J'ai récupéré une partie des plaques photographiques qu'il a réalisé à cette époque: beaucoup de clichés de familles mais quelques vues de l'usine et des cités."
(Nous sommes en cours de recherche sur ce site papetier et vous remercions de nous contacter si vous disposez d’informations écrites ou photographiques sur le sujet.)