Bernard Navarre (Tartas 1880- Saint-Cloud 1966),
Certainement l'homme le plus proche d'André Navarre son frère et surtout le spécialiste de la pate à papier du groupe Navarre. Il sera à la mort de son frère André, le gardien du temple et développera les affaires avec une grand efficacité.
Ancien élève de l'Ecole centrale Paris ( Centraliens_ECP_dans_le_groupe_Navarre.doc ), a marqué l'histoire économique de Tartas. Après des années de recherche et de développement, il implante en effet dans sa ville natale un établissement d'une entreprise qu'il dirige "La Calaisienne de pâtes à papier", et se trouve ainsi à l'origine de l'industrie majeure du canton : l'industrie de la pâte fluff (un type de pâte à papier fabriquée à partir du pins des Landes par traitement mécanique et chimique). Cette usine appartiendra successivement à différents groupes industriels dont la Cellulose du Pin (Saint-Gobain) et Smurfit. Elle appartient actuellement au groupe canadien Tembec, fait 175 Mo€ de CA, emploie 280 personnes et produit 100.00 tonnes de pâte par an. Bernard Navarre et ses frères André et Vincent créent également l'Avébène (AVBN), une entreprise spécialisée dans la récupération des déchets de l'usine de pâte à papier. L'Avébène, longtemps restée familiale, appartient maintenant aussi à Tembec.
En 1906, avec son frère son frère André, il conclut un contrat de location-vente pour l’acquisition, des Papeteries Montfourat en Gironde appartenant à Georges Legrand.
En 1910
Création de l’Avébène qui n’est pas une usine du groupe, mais une entreprise spécialisée dans la mise en valeur des déchets des usines de pâte à papier du Groupe Navarre. Un historique s’impose : Vincent Navarre, frère d’André, Bernard et Ludovic rencontre un Allemand qui lui parle de l’utilisation des lessives résiduaires, faite dans son pays pour l’agglomération des noyaux pour la fonderie qui permettait une grande économie dans l’ébarbage des pièces en fonte moulées. Il soumet l’idée à ses deux frères André et Bernard Navarre dont l’usine de Monfourat dispose d’importants volumes de résidus de lessive issue de cellulose traitée au bisulfite. Ils commencèrent ainsi leurs recherches innovatrices sur les applications des lignosulfonates. Ils firent une petite installation de concentration des lessives, et le sirop obtenu, soumis à des fondeurs donna des résultats encourageant.
1914 À l’aide de dérivés de l’usine de papier de Monfourat, ils poursuivent leurs recherches sur l’utilisation des lignosulfonates dans les moules de fonderie. La guerre arrivant et le noyautage des obus et grenades entraina une forte demande de ce type de lessive dans la fonderie.
1915 Monfourat ne pouvant faire face à la demande, l’élaboration du lignosulfite fut transportée à l’usine Navarre de papier , à Grand-Quevilly (Rouen). Le premier produit qu'ils commercialisent alors s’appelait Avébène, un nom dérivé de leurs initiales André, Vincent, Bernard Navarre .La production atteint alors 500 tonnes. La direction fut confiée à Bernard Navarre et un service de vente fut créé à l’Union Française de Papeterie dans les bureaux Parisiens du 2, Quai des Célestins.
1918 Leur premier brevet (Fr. No 486 434) sur les propriétés liantes des lignosulfonates est émis.
1920 Leur second brevet (Fr. No 507 779) sur les propriétés liantes des lignosulfonates est émis. Le 4 octobre 1920, Création de l’entreprise Avébène (nommée d’après le produit), qui deviendra une des premières entreprises de lignosulfonates au monde. André Navarre en sera le premier président.
En 1921
L'Avebène.(A de André, V de Vincent, B de Bernard, N de Navarre) Sous cette dénomination vient d'être formée une société anonyme qui aura pour objet la prise, l'achat et l'exploitation de brevets, licences ou procédés de fabrication se rapportant à la fabrication du papier, de la cellulose ou de leurs dérivés.
Le siège est à Paris, 13, rue d'Aguesseau. Le capital est fixé à 500.000 francs en actions de 500 francs, sur lesquelles 400 sont attribuées à MM. André, Vincent et Bernard Navarre, et à M. Veyron, en représentation de leurs apports. Les premiers administrateurs sont : MM. André Navarre, industriel à Lyon, quai Tilsitt, 9 ; Vincent Navarre, industriel à Paris, rue d'Aguesseau, .13; Bernard Navarre, industriel à Paris, rue d'Aguesseau, 13 ; Eugène-Marius Veyron, industriel au Grand-Quévilly ; Henri-Léon-Antoine Habourdin, ingénieur à Paris, boulevard du Montparnasse, 73; Paul Treppoz, à Lyon, rue Victor-Hugo, 53 et Albert Haug, directeur de Papeteries, à Champ-sur-Drac (Isère).
Papeteries Navarre. La Société vient d'adjoindre à la fabrique de pâtes de bois qu'elle possède sur les bords de la Seine, à Grand-Quevilly, près Rouen, une fabrique de papier. Cette usine, qui comporte tous les perfectionnements modernes, sera outillée pour une production de 100 à 110 tonnes par jour: La première machine vient d'être mise en route. ;
Société calaisienne de pâtes à papier. Les actionnaires de la Société se sont réunis le 23 juin, au Siège, 13, rue d'Aguesseau, en Assemblée, ordinaire, sous la présidence de M. André Navarre, président du Conseil d'administration.
L'Assemblée a approuvé les comptes de l'exercice 1920, qui ne comprend que le second semestre de 1920. En effet, l'Assemblée ordinaire, tenue en septembre 1920, avait approuvé les comptes depuis 1914 jusqu'au 30 juin 1920. Depuis cette date, le capital a été porté de 1.200.000 francs à 6 millions, opération qui a été entièrement réalisée au début de l'année.
L'exercice 1920 a été une période d'organisation et de transformation. Après le départ de l'armée anglaise, le Conseil a dû envisager une remise en état complète et indispensable. De plus, il a procédé à des installations complémentaires dont la majeure partie se trouve réalisée actuellement, dans le but de mettre en concordance la capacité de production de l'usine avec celle de ses éléments les plus importants, les lessiveurs.
Ces améliorations permettront, lorsque la crise actuelle prendra fin, une production mensuelle normale de 700 tonnes de pâte, alors qu'à l'origine la production ne pouvait dépasser 300 ou 400 tonnes.
La pâte de bois mécanique constitue la matière de remplissage des papiers d'impression ordinaires et du papier de journal, dont la cellulose de sapin forme l'ossature.
Les fabricants de papier français se trouvent ainsi en possession des pâtes de remplacement les plus variées. Mais ils ont perdu leur complète indépendance d'autrefois. La fabrication ancienne des papiers, qui constituait une industrie complète, s'est subdivisée en fabrication des papiers et en fabrication des pâtes. Et la fabrication des pâtes elle-même s'est subdivisée en. trois grandes industries : L'industrie des pâtes mécaniques ; Celle des pâtes de cellulose au bisulfite ; Celle des pâtes de cellulose à la soude.
Je ne parlerai que pour mémoire des pâtes d'alfa et de paille, qui constituent encore une industrie spéciale. Ces industries n'ont malheureusement pas pris, en France, le développement qu'il eût fallu pour assurer les besoins des fabriques de papier dont le nombre a augmenté, dont l'outillage s'est développé, en vue de l'emploi des pâtes de toutes qualités que l'étranger met à la disposition du marché français.
Des efforts furent faits cependant. Abandonnés par les uns, ils furent continués par les autres, malgré bien des difficultés, les pâtes étrangères plaçant souvent les fabricants de papier importateurs en position plus favorable que les fabricants de papier producteurs de pâtes.
Des fabriques de pâte de bois mécanique furent installées dès l'origine dans l'Isère, dans la Savoie, dans l'Ain, dans les Vosges et dans l'Ariège, en vue de l'utilisation de forces motrices hydrauliques.
Des fabriques de pâte chimique au bisulfite furent créées un peu partout, notamment à Essonnes, à Chantenay, à Tiffauges, à Lancey, à Domène, à Modane, à Etival, au Souche, à La Haye-Descartes, à Albertville, à Mios, à Monfourat, à Novillars et à Saint-Antoine (Ariège)
Enfin, en 1307, furent créées les fabriques de cellulose de Rouen et de Calais.
Bien avant la guerre, les fabriques de cellulose de Mios, d'Etival, du Souche, d'Albertville et de La Haye-Descartes avaient cessé leur exploitation.
Pendant et depuis la guerre, les usines de l'Isère, celles de Rouen, de Novillars et de Monfourat fonctionnèrent seules.
Celle de Calais fut acquise et remise en marche, l'année dernière, par les papeteries Navarre.Sauf quelques usines, comme les papeteries de Riouperoux dans l'Isère, qui ont donné une autre utilisation à leur force motrice, ou comme les papeteries d'Albertville qui ont transporté leur matériel près de Rouen, toutes les fabriques de pâte mécanique ont continué leur exploitation, à côté des fabriques de papier qui les ont installées. Certaines papeteries, actionnées par la force vapeur, se sont même adjoint la fabrication de la pâte. mécanique : c'est le cas des papeteries Darblay, à Essonnes, des papeteries de l'Auto, à Persan, des papeteries de l'Ouest, à Chantenay et, plus récemment, de la papeterie du Petit Parisien, à Nanterre et de la nouvelle fabrique de papier installée à Rouen par les papeteries Navarre, à côté de leur fabrique de cellulose.
Il est bien évident que la production de la pâte mécanique à la vapeur est coûteuse. Mais le fabricant est maître de donner a son produit le degré de finesse qui convient au papier qu'il veut fabriquer.
La papeterie française porte donc plus volontiers ses efforts vers la fabrication des pâtes mécaniques que vers celle des pâtes chimiques. Malgré cela, les développements de cette production sont très lents. Pour une usine qui s'installe pour fabriquer la pâte mécanique, comme celle de Rouen, une autre cesse cette fabrication, comme c'est le cas de l'usine de Chantenay.
D'autres, parmi celles qui marchent à la vapeur, réduisent leur production ou l'arrêtent totalement, dès que les prix des pâtes importées arrivent au-dessous de leurs prix de revient.
C'est une indication que cette fabrication est considérée comme une partie accessoire et non essentielle d'une fabrique de papier. Il semble pourtant que la fabrication de la pâte mécanique mérite plus d'attention. Cette pâte restera longtemps la matière première de prédilection des papiers d'impression ordinaires et notamment du papier de journal, parce qu'elle se tiendra au-dessous des prix de toutes autres pâtes : aucune autre matière, issue des innombrables plantes considérées comme susceptibles d'être utilisées à la fabrication des pâtes, ne peut atteindre un prix de revient aussi bas. C'est que toutes ces plantes doivent être débarrassées, par des procédés chimiques coûteux, des matières incrustantes qui enrobent les cellules.
Dans la fabrication de la pâte mécanique, au contraire, toute la substance du bois est utilisée. L'eau seulement (environ 15% du poids) est éliminée.
Les fabricants de papier français savent tout cela. Ils ne produisent pourtant que 90.000 tonnes environ sur un emploi annuel de près de 300.000 tonnes. L'importation compte donc, dans l'emploi, pour environ 200.000 tonnes par an.Pour assurer cette production en France, il faudrait : 700.000 stères de bois et 320.000.000 de kilowatts heure.
Il semble que le bois peut être trouvé dans les 25.000.000 de stères de bois de feu que produisent annuellement les forêts de France depuis le retour de l'Alsace-Lorraine à la mère patrie.
Les bois de feu comprennent en effet des essences propres à la fabrication de la pâte mécanique, telles que l'épicéa, le sapin, le tremble et le peuplier.
L'accroissement de la fabrication des pâtes entraînerait d'ailleurs le développement des plantations de bois dans des terrains actuellement improductifs. En attendant, l'appoint pourrait être demandé aux colonies françaises, si l'on ne voulait pas s'adresser aux pays exportateurs de bois à pulpe.
La force motrice hydraulique est abondante en France. Des centrales hydro-électriques, créées ou développées pendant la guerre, cherchent le placement de leur énergie que la crise actuelle laisse sans utilisation. Quelques millions de chevaux peuvent être encore installés dans les Alpes et dans les Pyrénées.
En 1921 Autre article Moniteur avril 1921
On accuse les frères Navarre d’avoir fondé un Trust.
Pourquoi? C'est lui qu'il accuse d'avoir fondé le trust. l'accuse d'avoir fondé une Union qui englobe tous les fabricants.
L'Union en question est tout simplement le comptoir de vente des usines du groupe Navarre, puisqu'il faut le nommer par son. nom. Elle est sur le même pied que ses grands concurrents. Donc erreur, erreur grave de M. Delaisi. Il finit par s'expliquer: Il a cru « sur la foi d'un journal-financier, qu'à ce syndicat de vente (je note ici que M. Delaisi, spécialiste des questions économiques, ne distingue pas un syndical de venté d'une simple' agence de vente) adhéraient les Darblay, les Dupuy, les Laroche Jobubert », etc. Et c'est tout : M. Delaisi, ayant fait une erreur capitale, qui pouvait être prise pour un faux, se contente de se référer à « un journal financier » qu'il ne nomme pas! Quelle légèreté dans la documentation !
La preuve du trust tombe. Mais M. Delaisi tient à son trust.
Il en donne de nouvelles preuves, toujours contre les mêmes personnes (singulier acharnement). Mais quelles preuves! Je déclare tout net que l'écrivain qui peut se contenter de pareilles : preuves ou bien veut éblouir un public nécessairement ignorant ou bien ne connaît rien au problème qu'il traite. Voici les preuves, suivies de nos critiques :
En 1966