Monfourat Les Eglisottes (33) Gironde
Construit vers 1750, le moulin de Monfourat est racheté en 1832 et reconverti en papeterie, dès 1834, après l'arrêt du moulin. Dans cette usine, on produit, à partir de vieux chiffons, de la pâte à papier mais aussi des papiers peints. Après un incendie, les bâtiments sont reconstruits et en 1899 une chaudière est installée.
En 1905, George Legrand propriétaire des Papeteries de Monfourat (au lieu-dit les Eglisottes) en Gironde se sentant très malade passe un contrat de location vente avec André et Bernard Navarre de Voiron, et dèja propriétaire de plusieurs papeteries dans la région grenobloise. La confirmation de cet achat est donné le 11 février 1906 au conseil municipal des Eglisottes. L'achat par le deux frères est fait à part égal, Bernard Navarre avec l’aide de la dote de sa femme (Jeanne Vollaire, nièce d'Aimé Bouchayer) Mariages arrangés .L a Société en nom collectif prend le nom de « André et Bernard Navarre ».
En 1906 Le 30 Janvier est signé sous forme de bail de location-gérance avec promesse de vente. Monsieur Legrand à son décès en 1907 laissera également au groupe Navarre ses deux autres petites papeteries de Gondecourt dans les Vosges et Maleville en Haute Marne. Egalement en 1906 les Navarre signent alors un incroyable contrat d’exclusivité sur la récolte de 310.000 hectares d’Alfa en Afrique du Nord. Exploitation Alfatiére en Afrique du Nord
1914/1918 - Période de guerre.
Monfourat travaille en priorité pour la Défense Nationale : fabrication du papier pour l'armée et des bourres pour les obus. Pour remplacer les hommes jeunes mobilisés sur le front, des familles d'origine espagnole et grecque arrivent à Monfourat : Cascalès, Médina, Santos, Rodriguez, Mourafétis, etc...96 espagnols et 71 grecs sont répertoriés dans les registres du personnel. Quelques familles sont restées par la suite dans la région mais la plupart retournèrent dans leur pays. En juillet 1917, première fabrication de papier à partir de copeaux de Pins des Landes imprégnées d'une lessive de soude. Les Navarre poursuivent leurs recherches sur l’utilisation des lignosulfonates dans les moules de fonderie.
En 1917 : sera installé un lessiveur industriel traitant le pin et l'alfa.Sous la direction d’André et de Bernard Navarre, les recherches reprennent et les Papeteries de Monfourat réussissent à mettre au point en 1917 une cuisson à la soude donnant des résultats tout à fait prometteurs
En 1919.
Ce n'est qu'à la fin de la guerre que fut régularisée la vente aux NAVARRE. La société anonyme de la papeterie mécanique s'appelle désormais : Société Anonyme des Papeteries NAVARRE. Fin 1918, début 1919, une terrible épidémie de grippe espagnole fit des ravages à Monfourat. Parmi les victimes, une fille d'André Navarre (devenue Madame Henri TISSIER) et Madame Eugénie VEYRON sœur d'André NAVARRE, décédèrent à un jour d'intervalle le 31 décembre 1918 et le 1er janvier 1919.
En 1922, les papeteries Navarre se sont agrandies jusqu'à devenir la plus grande papeterie de Gironde pour les papiers fins blancs. Ils sont fabriqués à partir de pâtes mécaniques, de pâtes chimiques au bisulfite, utilisant le pin maritime, mais aussi l’alfa jusqu' en 1950. Les produits finis étaient livrés à Bordeaux et de là, expédiés par bateaux vers l’Indochine et l’Afrique du Nord.
En 1923 : une installation d’un récupérateur de déchets.
Les Papeteries de Monfourat qui fabriquent alors une pâte au bisulfite à partir de sapin et de peuplier tentent dès 1887 une cuisson de pin avec une liqueur au bisulfite qui s’avère tout aussi désastreuse.
Ces deux échecs sont certainement à l’origine de l’affirmation de l’époque selon laquelle les pins landais ne peuvent être utilisés pour la papeterie à cause de leur trop forte teneur en résine.
Ces premiers résultats, ainsi que la création en 1921 à Bordeaux de la Société Civile d’Études pour le Développement Économique des Landes et de l’Institut du Pin dans les laboratoires de la Faculté des Sciences, conduisent à la création de la Société du Kraft Français.
Construite en 1924 à Beautiran en Gironde, cette société est la première usine des Landes pour la fabrication de papiers d’emballage kraft.
Les Papeteries de Monfourat réussissent à régénérer la même année les liqueurs noires issues des cuissons alcalines de résineux.
En 1929.
La Direction des Papeteries NAVARRE décide de construire : - Une nouvelle unité de production qui traiterait la fibre d'alfa avec cuisson à la soude à pression atmosphérique selon le procédé mis au point par Monsieur THIRIET, ingénieur chimiste et Monsieur NAVARRE (Procédé THIRIENA). - Un embranchement ferroviaire particulier sur la ligne Bordeaux-Paris, dont la demande a été soumise au maire de la commune des Eglisottes lors d'une délibération du conseil municipal avec avis favorable en 1925. La reconstruction de 6 nouvelles chaudières à charbon - Une salle de triage.
En 1931.
Mise en service du bâtiment d'alfa ainsi que toutes les nouvelles structures de l'usine (chaudières, salle de triage, embranchement ferroviaire). A la suite de ces investissements, développement de nouvelles spécificités avec un fort pourcentage de pâte d'alfa qui perpétueront la renommée des papiers de MONFOURAT (Vergé Alfa pour cahier d'écoliers : HERAKLES. Alfa Mousse NAVARRE et Alfa bouffant. Vergé duplicateur MONFOURAT. Vergé Antique. Vélin duplicateur NAVARRE).
En 1939/1945 - Période de guerre.
Baisse importante de la production de papier par manque de matières premières : « Pâte et charbon » et désorganisation de l'usine par le départ d'une grande partie du personnel masculin : « Mobilisation générale, Déportés du travail et Prisonniers de guerre »; Voir état ci-joint du 31 décembre 1943 établi par Monsieur René SIBILLE « délégué général du comité d'organisation des Papeteries Françaises ». Sa mission consistait à répartir au mieux les approvisionnements de pâte et charbon dans les Papeteries et d'éviter entre autre que ces deux matières premières vitales ne partent pas en Allemagne. L'activité de la Papeterie de Monfourat pour l'année 1943 était tombée à 8,10% pour un tonnage de 452 tonnes soit 10 fois moins qu'en 1938 (4130 tonnes).
En 1963 : un récupérateur de fibres est installé.
En 1964.
Allongement de la machine II avec modification de la table de fabrication (Toile de formation de 18 mètres) et mise en place : - d’une size-presse pour enduire la surface des papiers d’un lait d'amidon, - d'une lisse à 2 passages en bout de machine, - de 7 cylindres sécheurs supplémentaires, - d'une transmission par réducteurs entraînée par un groupe Léonard. Les établissements Cordebart et Michaux d’Angoulême assurèrent la fourniture et le montage de tout le matériel. Ces modifications étaient rendues nécessaires pour satisfaire les imprimeurs offset qui reprochaient un peluchage l important sur les papiers de Monfourat. Cette modernisation avait aussi pour objectif d'accroître la production de cette machine à 35 tonnes jour. Cette augmentation de production n'a malheureusement jamais pu être atteinte car la deuxième phase de travaux n'a pas été réalisée à savoir :complément de raffinage avec des raffineurs coniques, - augmentation des capacités de bobinage et de coupe..
En 1969. (30 avril) L’usine Navarre fermera ses portes. Jusqu’à mille ouvriers auront ont travaillé autrefois sur les six étages de cet imposant édifice des bords de la Dronne.
En 2014 Site Usine de Monfourat aujourd'hui.
Cette page n'aurait pu être écrite sans les informations de André Brieu et son éditions intitulés La Papeterie de Montfourat 1835-1969 dépôt légal de la deuxième édition en 2000 chez Medcom Lyon, ni les informations contenues dans le film de Claude Mazerolle sur l'usine
Nous vous remercions de nous contacter si vous disposez d'éléments sur cette usine