Jean Navarre

Missions spéciales

 
                                         

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Des missions à haut risque

L'aviation est chargée d'observer  en survolant le champ de bataille. Pour s'assurer des informations plus nombreuses et plus précises l'État Major envoie des agents dans les lignes adverses. Ils sont déposés secrètement par des pilotes, volontaires comme eux, au risque d'être fusillés s'ils tombent entre les mains de l'ennemi.  Des missions de sabotage leurs sont aussi dévolues.

 
 

Les dangers sont nombreux

Voler au delà des tranchées expose le pilote et son passager à de multiples risques. L'avion vite repéré du sol doit manœuvrer pour éviter de laisser prévoir le point de destination. Les Fokker E1 le poursuivent et l'artillerie des tranchées lui tire dessus. Un panne de moteur, toujours possible à cette époque, en territoire hostile représente une angoisse permanente. A l'arrivée, il faut atterrir dans un champ inconnu, non préparé, peut-être cultivé et détrempé d'où l'avion ne pourra pas redécoller s'il n'a pas déjà auparavant capoté.

Si le vent est défavorable il y a également risque de panne sèche rendant le retour impossible et l'obligation de tenter de se poser en territoire ennemi sans se faire descendre et sans capoter à l'atterrissage.

Capotage d'un Morane Saulnier type L, avion utilisé pour des missions spéciales.

Photo collection Bernard Marcin

Des douaniers à la recherche du renseignement

Le plus souvent se sont des douaniers qui sont sollicités comme volontaires pour ces missions héroïques. Un général recrutant parmi des douaniers dit: "J'ai besoin d'un volontaire. Mission terrible. On n'en reviendra pas .... Y en a-il un parmi vous qui soit décidé à donner sa peau ?"

 

 
 

En huit jours de formation on leur apprend comment monter et descendre rapidement de l'avion avec leurs pigeons voyageurs qui serviront à envoyer les informations au plus vite.

Le passager descendu doit aussi savoir comment  retourner l'avion pour que le pilote resté à bord, moteur tournant, puisse décoller le plus vite possible. 

L'agent, s'il n'est pas pris, rentre par ses propres moyens ou, parfois, un rendez-vous est fixé au pilote qui vient l'exfiltrer.

Les pilotes

Certains pilotes se font particulièrement remarquer par l'accomplissement de ces missions à haut risque peu médiatisées au début en raison de leur caractère secret. Les plus connus sont Védrines (7 missions), Navarre (3 missions) et Guynemer qui, au bout de 2 missions renonce après avoir dit: "... j'ai juré de ne pas recommencer. ..... Vraiment, la mission spéciale c'est du sale boulot."

 
 

Navarre et ses missions spéciales

Au printemps 1915 Jean Navarre a 19 ans. Il a obtenu son brevet de pilote militaire en septembre 1914.

Affecté à l'escadrille M.S 12, d'avril à l'été 1915 il effectue ses trois missions spéciales avec le Morane-Saulnier type L "Parasol" dont son escadrille est équipée.

Volontaire à chaque fois pour se faire pardonner ses incartades, le commandant Tricornot de Rose dit de lui: "Avec Navarre, on est toujours pris au dépourvu. Au moment où l'on va signer pour lui un ordre d'arrêts de rigueur on est obligé de le transformer en citation."

En avril 1915, pour sa première mission il emmène un instituteur en civil avec trois pigeons voyageurs au delà des lignes près de Vervins. Plus tard, il est pris et fusillé. 

Au cours de sa deuxième mission, en mai, il dépose un passager nommé Maud derrière les lignes ennemies à Rethel pour obtenir des renseignements sur la marche des trains et des convois de ravitaillement. Dénoncé, Maud est par la suite fusillé par les Allemands.

Navarre se préparant  pour partir en mission.

Photo collection Bernard Marcin

 

 
 

Pour sa  troisième mission, le 19 juillet 1915, il dépose un douanier dans la région de Chimay (Belgique). Il est accompagné par Védrines qui emmène un autre douanier. Plus tard les deux douaniers rentrent en passant par la Hollande.

En récompense, à la suite de sa troisième mission, il reçoit la Légion d’Honneur, habituellement destinée aux officiers. Cela  lui vaut cette citation:

«Chevalier de la Légion d'Honneur- pour prendre rang du 2 août 1915-adjudant Navarre, de l'escadrille M.S 12. Pilote remarquable dévoué et adroit, a livré plusieurs combats aériens dont l'un d'eux a permis de capturer deux officiers et un avion ennemi. Volontaire pour toutes les missions délicates, a exécuté avec un plein succès trois missions spéciales particulièrement périlleuses ». 

Cliché Raymond Defaye.

 

 

 

 

 

 

 

 

Navarre à droite, devant un Morane-Saulnier type L "Parasol" de la MS 12.