Jean Navarre

Les incartades des années 1914-1915

 
                                         

Retour

 
                                                 
 

Jean qui s'est engagé dès le début de la guerre passe son brevet de pilote militaire et aussitôt il est envoyé au front et doit rejoindre son escadrille dans la Somme en convoyant un avion malgré une formation rapide et élémentaire. 

Convoyage d'un avion, sans avoir appris à naviguer

Après s'être, en principe, perfectionné au pilotage à Tours on lui confie un Maurice Farman 1914 avec lequel il doit rejoindre son affectation au front à Corbie prés d'Amiens. Il a Ortoli comme passager.

En fait, c'est la première fois qu'il sort des limites du terrain mais il ne le dit pas.

" Notre voyage -puisque voyage il y avait-  se prolongeait démesurément et je ne trouvais toujours pas notre lieu d'atterrissage. Etions-nous en France, étions-nous au-dessus de l'ennemi ? Je n'en avais pas la moindre idée ". Par hasard il survole Le Crotoy où il a appris à piloter au début et se pose pour demander son chemin. Il redécolle mais en chemin la nuit tombe et il se pose prés d'Abbeville en heurtant un mur. Le lendemain après réparation de l'hélice et du train d'atterrissage il arrive enfin à Corbie, tout seul, car " Ortoli, refroidi par cette pitoyable expérience, préfère continuer le voyage" par ses propres moyens.     

Un jour, Jean fait un meeting au dessus d'Amiens

En poste à Brias (Somme), un jour de pluie il n'y a rien à faire. Il décide d'aller faire une virée à Amiens accompagné d'un officier observateur alors qu'il est aux arrêts de rigueur pour avoir fait des vrilles interdites. Ils vont manger des pâtisseries et boivent du porto. Il décolle pour rentrer mais avant il fait un meeting au-dessus de la ville et ils lancent des bouquets de fleurs dans la rue principale. Apercevant une jeune femme qui leur fait des signes de son balcon il atterrit de nouveau dans la campagne et ils vont chez leur admiratrice qui leur offre encore du porto. Pour passer la nuit en ville Navarre téléphone à son capitaine en prétendant être en panne. Le lendemain, par camaraderie, l'équipe de mécaniciens venue réparer l'avion qui est en parfait état ne souffle mot de cette affaire.

 
 

Jean avec Maurice Servant son mécanicien. 

Photo: Collection B.Marcin

 

 
 

Il part en ville caché dans la voiture de son chef

Le capitaine Fassin, chef de l'escadrille M.F 8, interdit de quitter le cantonnement mais lui-même va à Corbie avec la voiture de l'escadrille. Navarre en fait autant :

" Me couchant à l'arrière de l'automobile je me dissimulais sous une couverture avec la complicité du conducteur et …les voyageurs pour Corbie, en route". 

Il utilise le même subterfuge pour le retour. En guise de punition il est renvoyé à l'arrière au centre de Saint-Cyr-l'Ecole en attente d'une nouvelle affectation.

 
 

Des officiers sont contraints à se mettre à plat ventre 

Avec Pelletier Doisy, le jour de leur départ de Brias pour rejoindre la M.S 12 prés de Reims, où ils sont de nouveau affectés, une mission anglaise visite le  terrain. Tout l'état major est là. Les deux pilotes foncent vers le groupe en rase-mottes ce qui oblige la plupart des officiers à se coucher dans la boue.

La chasse au canard en avion      

Parti à bord du Morane Parasol N°122 avec le sous-lieutenant Chambe comme observateur et tireur ils voient une outarde. Le futur général Chambe raconte dans son livre "Route sans horizon":

"Oubliant qu'il était si prés de terre, Navarre avait exécuté un virage à la verticale comme s'il avait été en plein  ciel. L'aile avait touché le sol et s'était brisée avec un fracas sinistre". Jean est indemne mais son compagnon avait "la cuisse droite ouverte comme d'un coup de rasoir du genoux jusqu'à la hanche".

 

Dessins inédits de Martin Veyron

 
   

 

   
   

Jean devant son avion. Collection B.Marcin

 

Photo SHAA, Jean 2ème en partant de la droite.

 
 

En vol sur un avion allemand capturé                                                     

Le 28 avril 1915 le capitaine de Bernis oblige un L.V.G à se poser entre Gueux et Thillois à 8 km à l'ouest de Reims, son réservoir crevé par ses balles. Jean Navarre qui rentre de mission aperçoit l'avion, atterrit à côté, ouvre le robinet de la nourrice de réserve et décolle. Au risque de se faire abattre par les Français il ramène l'avion allemand au terrain de son escadrille à Champigny sur Vesle.