Melleville St Martin-lés-Langres (52)Haute Marne
Ancienne papeterie Navarre reconvertie en chambre-d'hôtes.
En 1906:Dans le cadre de l'achat par André et Bernard Navarre de l'usine de Monfourat cette usine de Meleville par l'accord du 31 Janvier 1906 est signée sous forme de bail de location-gérance avec promesse de vente de l'usine de Monfourat.
Monsieur Legrand qui à son décès en 1907 laissera également au groupe Navarre les papeteries de Gondecourt dans les Vosges.On fabrique dans l'usine de Meleville des papiers blancs fins pour écriture et impression.
La papeterie se situait sur les bords de la Mouche , rivière langroise. Elle est située en contrebas, à quelques kilomètres, de la forteresse fortifiée de Langres.
Le domaine de Melville comprend le château, demeure privée, le centre-équestre, utilisant les ailes du château et l'ancienne papeterie reconvertie en chambre-d'hôtes sur les bords de la Mouche, à quelques encablures du village de Hûmes dans le lieu dit Melville.Demeure d'architecture néoclassique édifié en 1780 pour la famille Caroillon. A l'origine le Chapitre de Langres y possédait une papeterie, marquée du sceau de Saint-Mammès.
Le papier est fabriqué à cette époque à partir de vieux papiers et de chiffons qui viennent alors de l'étranger, de Russie par exemple. Les chiffons sont d'abord triés, les ourlets, boutonnières, boutons et cols sont éliminés. Ils sont ensuite coupés en petits morceaux de 10 centimètres de côté environ et sont lessivés à l'aide d'acide et de chaux. Ils passent alors dans les défileuses qui sont munies d'un tambour laveur et d'un tambour défibreur. Les fibres brutes sont blanchies à l'aide de chlore dans une pile hollandaise. La pâte est stockée dans des caisses d'égouttage pendant plusieurs jours.
Avant l'emploi, elle est très finement broyée et descend dans la cuve d'alimentation de la machine à papier.
La machine à papier est en réalité un ensemble de machines dont chacune accomplit une partie de l'opération. Elle comporte :1) La cuve contenant la pâte à travailler,2) Une table de fabrication de 3 à 4 mètres sur laquelle la pâte s'étale et s'égalise. Un mouvement de va-et-vient l'entraîne sur :3) L'aspirateur, qui dessèche la pâte au fur et à mesure de son passage,4) Les cylindres, en grand nombre, qui l'égalisent définitivement, et dont les trois derniers, chauffés intérieurement à 130°C par vapeur d'eau, achèvent de la transformer en papier.
Une fois le papier séché, il est enroulé ou passe dans la salle de découpe. Le filigrane est effectué soit à sec, soit par voie humide.
Devant la maison coule un bief qui canalise l'eau venant des collines. Ce bief a souvent été bouché par des feuilles mortes si bien que l'eau, en débordant, envahissait le rez-de-chaussée de la maison et provoquait des réveils inhabituels. Mamy la seule fille de la famille a le privilège d'avoir sa chambre au premier étage et n'a pas connu cette mésaventure.
Les maisons sont simples. Pas d'eau courante et pas d'électricité, pas de toilettes bien sûr. Il faut utiliser des seaux hygiéniques ou aller à l'écurie qui est juste à côté. L'eau est prise dans ce bief et Ferdinand Louis attrape un jour une paratyphoïde.
Un lavoir sera construit devant la maison pendant que Mamy habite là.
La ferme voisine, la ferme du château de Melville, est louée par des Suisses, les GUENAT. Mamy va chercher le lait à la ferme, en coupant à travers champs. Les fermiers occupent les deux grosses tours rondes à l'entrée du château. Les bâtiments de l'exploitation sont les communs du château. Les fermiers mettent des jardins à la disposition des ouvriers de la papeterie et la location consiste à donner un coup de main au moment des foins, enfants compris. Cela n'était pas pour déplaire aux parents de Mamy qui retrouvent ainsi les gestes de leur enfance.
Saint Martin les Langres n'avait qu'une épicerie-café-Jeu de Quilles tenue par "La Françoise". Son mari était mort à l'usine, écrasé par les meules. Mamy se souvient qu'elle allait faire les courses dans cette épicerie. La messe n'est pas souvent célébrée dans la petite église de Saint Martin les Langres. Aussi, il faut aller à Humes, à deux kilomètres de Melville. Sur le chemin du retour, Mamy fait souvent un arrêt à la halte de Saint Thiebault. Là, au bord de la route, une fontaine et une statue du saint se trouvent sur un petit terrain. Mais, hélas, l'endroit est souvent occupé par des "Camps-Volants" ce qui force Mamy et les autres compagnons de route à supprimer la halte et à presser le pas.
Mamy fréquente l'école de Saint Martin les Langres, à un kilomètre et demi de Melleville . Elle part le matin, à pied, avec les autres enfants de l'usine et de la ferme. A midi, elle mange à l'école puis va au catéchisme à Saint Ciergues, à un kilomètre de Saint Martin. A la sortie du catéchisme, il faut vite rentrer à l'école pour ne pas être en retard. C'est à Saint Ciergues que Mamy fait sa Communion Solennelle.
Madame ROBIN, l'institutrice, a 23 enfants en classe. 7 élèves sont de Saint Martin, 12 de Melleville et 4 viennent de la ferme du château (Ils sont 13, mais il y a beaucoup de petits).L'élève de service arrive en avance pour réveiller la maîtresse et allumer le poêle de la classe. L'école est chauffée au bois et tous les ans, le scieur vient couper le bois de chauffage que les élèves rangent dans le bûcher. Tous les ans aussi, à la rentrée, les élèves vont en promenade scolaire dans le bois voisin pour ramener un fagot d'épines qui sont disposées sur le mur du jardin de l'institutrice. Ces épines sont destinées à empêcher les poules de pénétrer dans le jardin de l'école. Tous les ans, au 11 novembre, les enfants des écoles vont au monument aux morts et chantent "Flotte mon petit drapeau". Mamy, bien que Suisse, est avec les autres enfants. Mamy se souvient qu'un ancien élève de l'école, un grand qui suivait les cours d'une école de mécanique venait parfois dire bonjour à son ancienne institutrice. Ils font ensemble de l'algèbre au tableau noir ce qui étonne les plus petits. Nous avons rencontrés cet homme en 1990 à Saint Martin. C'est maintenant un retraité de la marine marchande qui est installé à Brest et qui passe ses vacances dans son village natal. L'été, Mamy va parfois se baigner avec les autres enfants à la digue de Saint Ciergues. A cette époque, il n'est pas question de maillot de bain. Une couture supplémentaire en bas d'une blouse fait l'affaire.
La ville la plus proche est Langres, à une dizaine de kilomètres. Mamy s'y rend soit à bicyclette, soit par le train de Humes à Langres. C'est à Langres que Mamy fait sa Confirmation et passe son Certificat d'Etudes Primaires. Son nom figure sur la liste des candidats reçus mais l'institutrice lui a dit que c'est une erreur. Erreur ou pas, il faut travailler. Avec son frère Louis, elle recueille le papier à la sortie de la machine pour l'envoyer au triage et à la mise en rame. Elle travaillera plus tard à ce poste de triage.
La Papeterie de Melville cesse de fonctionner en 1935. Ferdinand Louis trouve alors une place de chauffeur chez un marchand de meubles de Langres. Toute la famille continue à habiter à la papeterie. Ferdinand Louis se rend tous les jours à son travail à bicyclette. Un soir, sur le chemin du retour, à la faveur de la nuit tombante, il a un accident : il heurte un rouleau compresseur qui n'est pas éclairé. Son état a nécessité une hospitalisation et un arrêt de travail. Entre temps, les Papeteries Navarre ont réussi à reclasser leur personnel. Ferdinand Louis est nommé chauffeur au dépôt de Nancy des Papeteries Navarre et Mamy est embauchée comme bonne chez le directeur du dépôt. Ils partent tous les deux pour Nancy. Le reste de la famille suivra après.En espérant que ces renseignements peuvent vous être utiles.
Cordialement Jean-Pierre COTTE.2, Le Rocher 22940 PLAINTEL.
(Nous sommes en cours de recherche sur ce site papetier et vous remercions de nous contacter si vous disposez d’informations écrites ou photographiques sur le sujet.)